Le terme "fasciste" vient du mot italien fascio, qui signifie "faisceau" ou "union". Il trouve ses origines dans les années 1920 avec la montée au pouvoir de Benito Mussolini en Italie. Le "fascisme" est alors un mouvement politique autoritaire et nationaliste, qui valorise un État puissant, un chef charismatique et le rejet de la démocratie parlementaire au profit d'un régime autoritaire. Le terme "faisceau" symbolise l'idée d'une union forte autour d'une nation, où l'individu est subordonné à la collectivité, guidée par un leader suprême.
Le fascisme se caractérise par un ultranationalisme, une exaltation de la violence comme moyen politique, une xénophobie, et souvent un culte du chef. Mussolini définit son régime comme une troisième voie entre le capitalisme et le communisme, prônant un État fort contrôlant l'économie, la société et les médias. Après la Seconde Guerre mondiale, le terme "fasciste" est devenu un synonyme plus large d'autoritarisme extrême et de pratiques antidémocratiques.
Marine Le Pen, dirigeante du Rassemblement National (RN), défend une idéologie politique qui présente des similitudes avec certains aspects du fascisme historique. Pour comprendre cette accusation, il est nécessaire d'examiner plusieurs aspects de son programme et de ses discours.
Tout d'abord, le nationalisme de Marine Le Pen est un point clé. Elle prône une politique de fermeture des frontières, une limitation drastique de l'immigration et une priorité donnée aux citoyens français, souvent au détriment des étrangers. Cette forme de nationalisme, axée sur l'idée de préserver l'identité nationale contre une supposée "menace" extérieure, fait écho aux discours ultranationalistes des fascistes du passé. Le Pen va plus loin en dénonçant souvent une "invasion migratoire", employant des termes qui résonnent avec les théories du "grand remplacement", une idéologie complotiste selon laquelle les populations européennes seraient "remplacées" par des populations d'origine étrangère. Cet élément de xénophobie et de rejet de l'Autre rappelle la rhétorique fasciste.
De plus, l'autoritarisme dans son discours politique peut être mis en parallèle avec les principes fascistes. Le Pen critique fréquemment les institutions démocratiques actuelles, notamment l'Union Européenne, qu'elle accuse de nuire à la souveraineté française. Si elle ne prône pas explicitement un régime totalitaire, sa critique récurrente de la démocratie libérale et son appel à un "État fort" pour imposer ses politiques s'inscrivent dans une tradition qui privilégie un pouvoir exécutif puissant, au détriment des contre-pouvoirs démocratiques.
Enfin, le RN, sous la direction de Marine Le Pen, a souvent été accusé de banaliser des discours haineux à l'encontre des minorités. Bien que Marine Le Pen ait tenté de "dédiaboliser" son parti, les bases du RN restent ancrées dans une histoire de liens avec des groupes d'extrême droite et des idéologies racistes. Ce recours au populisme, qui oppose systématiquement le "peuple" à des élites corrompues ou à des boucs émissaires étrangers, est un autre trait marquant des mouvements fascistes.
En conclusion, bien que Marine Le Pen ne se revendique pas ouvertement comme "fasciste" et qu'elle ait cherché à adoucir l'image du Rassemblement National, de nombreux aspects de son programme politique et de ses discours rappellent les traits fondamentaux du fascisme : un nationalisme exacerbé, un rejet de l'immigration, une critique des institutions démocratiques et une tendance à l'autoritarisme. L'usage de la peur de l'autre et de la division sociale, ainsi que la volonté de remettre en cause certains fondements démocratiques, sont des éléments qui s’inscrivent dans cette tradition historique.
Ainsi, même si Marine Le Pen n'est pas une fasciste au sens strict du terme historique, son discours et ses propositions politiques partagent suffisamment de points communs avec le fascisme pour que l'on puisse, par extension, la qualifier de "fasciste". Elle représente un danger pour la démocratie en défendant une vision autoritaire et exclusive de la société, basée sur le rejet de la diversité et des valeurs pluralistes.